Fable no: 1 Par Édouard Caron
Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde. On a souvent besoin d'un plus petit que soi. De cette vérité deux fables feront foi, tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un lion, un rat sortit de terre assez à l'étourdie. Le roi des animaux en cette occasion, montra ce qu'il était et lui donna la vie . Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru qu'un lion d'un rat eût affaire ? Cependant il avint qu'au sortir des forêts ce lion fut pris dans des rets, dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire rat accourut et fit tant par ses dents qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Fable no 2:
Par Zack Dupont
Le Lion et le Moucheron Année de parution : 1668 Catégorie : Fables
Va-t-en, chétif insecte, excrément de la terre ! " C'est en ces mots que le lion parlait un jour au moucheron. L'autre lui déclara la guerre. "
Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de roi me fasse peur, ni me soucie ? Un bœuf est plus puissant que toi, je le mène à ma fantaisie. "
À peine il achevait ces mots, que lui-même il sonna la charge, fut le trompette et le héros. Dans l'abord, il se met au large ; Puis prend son temps, fond sur le cou du lion, qu'il rend presque fou. Le quadrupède écume et son œil étincelle ; Il rugit; on se cache, on tremble à l'environ : Et cette alarme universelle est l'ouvrage d'un moucheron. Un avorton de mouche en cent lieux le harcèle : Tantôt pique l'échine et tantôt le museau. Tantôt entre au fond du naseau. La rage alors se trouve à son faîte monté. L'invisible ennemi triomphe et rit de voir qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée. Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux lion se déchire lui-même, fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, bat l'air, qui n'en peut mais et sa fureur extrême la fatigue l'abat : le voilà sur les dents. L'insecte du combat se retire avec gloire : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire. Va partout l'annoncer et rencontre en chemin l'embuscade d'une araignée : Il y rencontre aussi sa fin. Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J'en vois deux dont l'une est qu'entre nos ennemis. Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire, qui périt pour la moindre affaire.
Fable no 3: Le corbeau et le renard
Corbeau; Thomas Marmen Leao
Renard rocker; Zack Dupont
Le Corbeau et Le Renard de Jean de la Fontaine
Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché, lui tint à peu près ce langage :
«Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.»
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s’en saisit, et dit :
«Mon bon Monsieur, apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.»
Le Corbeau, honteux et confus jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.